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L'ensilage d'herbe : mieux produire ce fourrage

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Delphine Huet
Ecrit par Delphine Huet
le 10 juin 2024
11 minutes de lecture
Les éleveurs de bovins en particulier le connaissent bien. Si c’est votre cas, c’est un des fourrages que vous aimez bien avoir dans vos stocks, n’est-ce pas ? Il n'est pas seulement utile pour rattraper un foin que vous n'arrivez pas à faire sécher mais présente de nombreuses autres qualités. Mais produire un bon ensilage d’herbe ne s’improvise pas.

De nombreux facteurs entrent en jeu. Vous voulez tirer parti au maximum de cette ressource fourragère pour vos bêtes ? Lisez nos conseils et vous saurez ce qu’il faut anticiper, surveiller, et éviter, pour optimiser votre récolte.
 
SOMMAIRE
 

 

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Mieux connaître l'ensilage d'herbe

Ensiler de l’herbe, c’est choisir un mode de conservation basé sur un taux d’humidité élevé pour créer des conditions propices à la fermentation. L’avantage ? Préserver les nutriments présents dans la plante pour garantir une alimentation de qualité à votre troupeau.
 
Cela peut être un choix parfaitement voulu, mais pas toujours. Parfois c’est aussi un moyen de sauver une récolte, quand les conditions météorologiques sont trop mauvaises pour faire sécher l’herbe convenablement pour en faire du foin. Un bon moyen de ne pas complètement s’asseoir sur une coupe d’herbe.
 
C’est aussi pour certain une façon d’alléger la facture du poste d’alimentation du cheptel, sans faire une croix sur la qualité nutritionnelle de la ration. Le rapport qualité VS coût de production est en effet intéressant. Il est souvent prisé dans les élevages laitiers.
 
Attention cependant, dans certaines démarches qualité comme la filière AOP Comté, les aliments ensilés sont interdits. C’est simplement lié au risque de développement des spores butyriques par des bactéries, qui est plus important dans un fourrage fermenté. Elles peuvent donner au fromage un goût peu appétissant, et même faire éclater des meules entières à cause du gaz produit !
Un ensilage bien réalisé n'aura cependant pas de risques pour vos animaux.
 

Facteurs déterminants pour la qualité de l’ensilage d'herbe

Rôle des micro-organismes dans la fermentation

Ainsi, c’est tout un environnement qu’il faut préparer pour assurer des conditions propices à la production d’un ensilage d’herbe de bonne qualité.
 
Déjà, il s’agit de créer un environnement étanche car on veut des conditions d’anaérobie, c'est à dire l'absence d'oxygène. Le but ? Éviter à des micro-organismes qui fonctionnent, eux, en aérobie, de se développer, comme les levures, ou les fameuses bactéries butyriques. Cela donnerait lieu au développement de moisissures et, comme vous pouvez l’imaginer, elles ne sont bonnes ni pour l’appétit de votre bétail, ni pour sa santé.
 
 
micro-organismes-fermentation-ensilage Il faut aussi idéalement avoir un pH de 4,0 à 4,5, de manière à ce que les “bonnes” bactéries qui s'occupent de la fermentation lactique fassent leur boulot.
 

Les indicateurs nutritionnels comme signes de qualité

Finalement, qu’est-ce qu’un “bon ensilage” ? À quel critère se fier pour évaluer la qualité de votre production ? Eh bien considérez que si le taux de matière sèche de votre produit fini est compris entre 35 et 40%, c’est plutôt bien parti.
 
En effet, c’est un gage de bonne conservation, et que serait un bon fourrage s’il n’était pas bien conservé ?
 
Ensuite, sachez que du côté des valeurs nutritionnelles, les taux mesurés dans plusieurs fermes peuvent varier considérablement. On a pu observer des niveaux énergétiques entre 0.65 et 0.98 Unités Fourragères Lait (UFL). Ce n’est plus une fourche(tte), c’est un râteau, on vous l’accorde. Cela montre surtout que c’est loin d’être simple à produire, à cause de tous les facteurs de variabilité de la qualité dont on a parlé.
 
Mais si on se base sur les préconisations de la Fidocl, entreprise de conseil laitier, il faut viser les 0.90 UFL pour pouvoir parler de “bonne qualité”. C’est la même problématique avec les Protéines Digestibles dans l'Intestin (PDIN) et Protéines Digestibles dans l'Estomac (PDIE), qui devraient idéalement être supérieures respectivement à 100g et 70g.
 
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C’est le moment où il faut ressortir vos résultats d’analyses pour vérifier le vôtre ! Enfin, attendez un peu, on vous parle maintenant des étapes du chantier pour ensiler votre herbe et mettre toutes les chances de votre côté.
 
 

Les étapes clés de l’ensilage d’herbe

1. La préparation du champ et choix des variétés

Avant de sortir la faucheuse, il faut s’assurer que vous faites les bons choix en amont, si vous voulez produire un ensilage d’herbe digne de ce nom. L’objectif premier est bien sûr d’avoir un fourrage nourrissant, capable d’optimiser la production de votre cheptel et d'améliorer votre autonomie fourragère.
 
Ainsi, il est préférable que votre prairie contienne des variétés à haut potentiel nutritif et à croissance rapide  pour avoir un bon rendement. Pensez à la fertilisation azotée, si elle ne se fait pas naturellement grâce à des légumineuses prairiales.
 
Aussi, pas de bonnes cultures sans un sol en bonne santé. Privilégiez des rotations, même longues, et préservez votre sol d’actions mécaniques intensives, quand c’est possible.
 

2. Le moment optimal pour la récolte

Vous le savez, tout est question de compromis pour une récolte de fourrages réussie. Ici, il faut réussir à identifier la bonne fenêtre de “tir” concernant la maturité de votre herbe, et c’est juste avant que les épis ne montent en graines. Généralement, cela correspond à des épis de 10cm. Si vous attendez plus longtemps, vous perdrez donc en teneur azotée, mais vous gagnerez en rendement de matière. À vous de choisir !
 
Vous pouvez vous baser sur un indicateur de cumul de températures journalières, comprises entre 0 et 18°C, à partir du 1er février. Si ce cumul atteint 700°C, il est temps d’entrer dans les starting blocks. Et contrairement au foin, préférez réserver votre fin de matinée, ou début d’après-midi pour avoir une bonne teneur en sucre dans la plante. C’est ce taux qui détermine la vitesse d’acidification. Et devinez quoi ? C’est le facteur clé d’une bonne fermentation.
 
Et nous parlions de teneur en matière sèche de l'herbe du produit fini, celle au moment de la récolte se situe juste en dessous, entre 30% et 35%. Des analyses peuvent vous permettre de vous assurer de ce statut, avant de tout recouvrir pour lancer la fermentation. Vous saurez ainsi précisément si vous devez ajouter des additifs pour rétablir des conditions favorables au processus.
 
C’est bon, vous avez tout ? Là, vous commencez à cumuler les bons points pour la suite des opérations.
 

3. Les techniques de fauchage et de récolte

Souvent, le chantier de fauche est en quelque sorte un champ de bataille pour les fourrages qui passent sous les lames. L’enjeu est de limiter les pertes mécaniques pour préserver le rendement, mais aussi d’éviter de récupérer des résidus de terre. C’est valable pour toutes les coupes d’herbe, et celle-ci ne déroge pas à la règle.
 
Prenez aussi en considération le type d’espèces que vous fauchez. Selon la proportion de légumineuses ou de graminées, le matériel devra être adapté. En effet, les légumineuses sont plus fragiles généralement, et demandent une attention toute particulière si vous voulez optimiser leur présence dans la ration finale.
 

4. La gestion post-récolte

Avant de parler de la conservation, il faut s’occuper du traitement de votre récolte. On entend par là les étapes qui vous attendent avant de pouvoir souffler. Souvenez vous, la qualité de votre ensilage d’herbe tient notamment à l’absence d’oxygène.
 
Ainsi, il faut prévoir des conditions de compactage, puis de couverture, adéquates. C’est là que cela peut freiner ceux qui s’intéressent à cette méthode de conservation des fourrages. Il faut disposer d’un matériel bien spécifique et cela peut demander des investissements pour bien stocker votre aliment.
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Méthodes de stockage et de conservation de l’ensilage

Comparaison des méthodes de stockage

Les silos les plus rencontrés sur les exploitations sont de type “couloir”. Avec leurs trois murs, ils permettent d’étaler une bâche ensuite maintenue par des pneus. Une fois ouvert, il suffit de piocher dedans au godet pour préparer la ration des vaches. Le plus délicat reste néanmoins de bien positionner la bâche au départ, pour qu’elle joue son rôle de barrière contre l’oxygène.
 
On peut aussi trouver des silos en colonnes, un peu comme ceux utilisés pour le grain. Mais question coût d’installation et d’entretien, c’est une autre histoire. À vous d’estimer si, par rapport à votre besoin, leurs qualités pour la conservation et le maintien des conditions d’anaérobie en valent la chandelle.
 
Enfin, il y a aussi les balles rondes sous plastique, sur le même principe que les balles d’enrubanné. Faciles à transporter et à stocker, il faut cette fois-ci être vigilant concernant la qualité du film utilisé pour éviter qu’il ne soit percé.
 

La clé pour prévenir la détérioration

Vous l’aurez compris, si vous voulez un produit fini de qualité, inutile de lésiner sur les moyens. On dit qu’il n’y a “pas de petites économies”, mais en agriculture, cela peut se payer cher. Matériel de fauche, bâche de protection, poids pour l’étanchéité, sont autant de “petits” détails qui n’en sont pas. 
 
L’ennemi n°1, ici, c’est l’oxygène. Comme quoi, tout est question de contexte ! Ce serait dommage de gâcher tous vos efforts en amont de la fauche en gérant mal les conditions de fermentation ensuite.
 
Alors faites les bons choix, et vos vaches vous remercieront en vous le rendant bien !
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Conclusion

L’ensilage d’herbe est plébiscité en élevage, notamment pour l'alimentation des vaches laitières, mais il est aussi très complexe à produire. Chaque fourrage a ses propres contraintes de production. Comme l'ensilage de maïs, l'ensilage d'herbe nécessite une grande attention de la pousse de la plante aux conditions de fermentation pendant le stockage.
 
Tenté par ce mode de conservation ? Si vous n’avez encore jamais tenté, n’hésitez pas à demander conseil à un conseiller technique pour être sûr de vous y essayer dans de bonnes conditions.
 

 

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