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Portraits de femmes en élevage

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Nadia STOOP
Ecrit par Nadia STOOP
le 5 mars 2024
8 minutes de lecture

8 mars, journée du droit des femmes, quelle meilleure semaine pour vous présenter nos clientes éleveuses ? Chaque jour, elles vous présentent leur expérience et leurs combats dans le domaine difficile mais passionnant de l'élevage, qu'il soit bovin, ovin ou caprin !

 

SOMMAIRE

#1 Alexandra, un beau métier même si c'est dur

#2 Caroline, tester et contrôler pour progresser

#3 Mélanie, on peut être fières de ce qu'on fait

 

Alexandra Lepineux, un beau métier même si c'est dur

Mon parcours ? J’ai fait un BAC professionnel CGEA puis j’ai voulu faire un BTS en apprentissage. Mais il y a 20 ans, dans l’agricole, on n’embauchait pas de fille, je n’ai donc pas pu faire d’apprentissage. Je me suis donc associée directement en GAEC sur 150 hectares. Quelques années plus tard, je me suis séparée du GAEC pour créer mon exploitation.

Mon exploitation ? La ferme d'Eureka, c’est une petite ferme à taille humaine avec différentes espèces d’animaux : des vaches et des moutons allaitants et des porcs plein air, une vraie ferme comme autrefois. Je voudrais maîtriser tout de A à Z : de la naissance à la vente.

La vente directe aujourd’hui ? Ce qui m’a convaincu de vendre en direct, c’est qu’en tant que paysan, on est les mieux placés pour parler de notre produit. On peut dire exactement au client ce qu’il achète, comment l’animal a été élevé, ce qu’il a mangé, …

C’est à la fois une force mais aussi un challenge : l’élevage et la vente, ce sont deux métiers différents et c’est difficile de gérer les deux. J’habite à 30 kilomètres des villes alors les gens ont du mal à se déplacer jusqu’à la ferme. Jusqu’ici je commercialisais en livraison une à deux fois par mois. C’était beaucoup de travail : 300 kilomètres dans la journée à assumer en plus des traites du matin et du soir. J'ai eu des soucis avec mon véhicule, ce qui m’a convaincu d’essayer de faire venir les clients à la ferme. Pour l’instant, je réussis à vendre environ 30% de mes animaux à la ferme.

Être une femme dans le milieu agricole Le milieu agricole, surtout dans la campagne bourbonnaise, est surtout composé d’hommes : les autres agriculteurs mais aussi les commerciaux, les mécaniciens, les marchands de bêtes, les vétérinaires, les chauffeurs, les ETA,… Ce n’est pas toujours simple de se faire sa place et souvent j’ai l’impression que si j’étais un homme, on me prendrait plus au sérieux. Il faut bien reconnaître que nous n’avons pas le même physique que nos collègues masculins, physiquement c’est plus dur, on doit donc être deux fois plus intelligentes : quand on n’a pas la force il nous faut de l’ingéniosité pour y arriver.

Quel conseil donnerais-tu à l’Alexandra de 15 ans ? J’accueille souvent des stagiaires sur l’exploitation : j’aime beaucoup la pédagogie et j’aime travailler avec ces jeunes passionnés. Ce que je leur dit dans ces cas-là, c’est qu’en tant que femmes elles partent avec un boulet au pied : il faut « de la niaque » pour y arriver dans le monde agricole. Mais c’est la génération de nos enfants qui va changer les choses : dans le monde agricole moderne, on sera moins sexistes et ça deviendra plus simple pour les femmes d’y travailler.

L’agriculture ça reste un très beau métier même si c’est dur. Quand je vois ma fille de 15 ans aider une brebis à faire naître un agneau, ce sont des moments merveilleux.

 

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Caroline Morlot, tester et contrôler pour progresser

Quel est votre parcours ? Mes parents étaient agriculteurs, j'ai toujours baigné dedans. Animée par la passion pour le travail avec les animaux, j'ai obtenu un BTS en productions animales, spécialisé en vaches laitières. Mon aventure professionnelle a débuté en tant que conseillère sanitaire au GDS 88. En 2014, j'ai saisi l'opportunité de m'installer avec mon mari sur son exploitation. 
 
Qu’est-ce qui vous intéresse le plus dans l’élevage ? J’ai un intérêt particulier pour la génétique et la santé animale, je m'investis pleinement dans ces domaines. Ma participation active en tant que secrétaire générale au GDS des Vosges me permet de contribuer aux décisions bénéfiques pour l'évolution des élevages vosgiens et le maintien de bonnes garanties sanitaires. 
 
Il me tient à cœur de proposer à tous les éleveurs des aides pour travailler au mieux. Cela a un impact sur leur qualité de vie, de travail mais aussi et surtout un impact économique important. Dans les Vosges, on est le 66ème département français sur 96 en termes de taux de mortalité (les départements étant ordonnés du taux de mortalité le plus faible au plus élevé). Il y a donc une marge de progression énorme dans les élevages. Si on reprend les bases à zéro et qu’on accompagne bien les éleveurs, on peut obtenir des progrès significatifs. 
 
En ce qui concerne notre élevage, on essaie de bien faire le travail. Nos animaux sont déjà très productifs (Les vaches ont une moyenne supérieure à 40kg de lait par jour). Mon objectif, maintenant, c'est de maintenir les animaux en bonne santé, et de trouver toujours les bons « trucs et astuces » pour pouvoir leur apporter le meilleur. 
 
Être une femme en élevage bovin ? Ça change beaucoup : je pense qu'on a plus de patience et un meilleur sens de l'observation. C'est sûr qu'on n'a pas la même force que les hommes, mais on apporte d’autres choses, peut-être un peu d'ingéniosité justement, dont ils n'ont pas besoin parce qu'ils ont plus de force physique. 
 
C'est super parce qu'il y a de plus en plus de jeunes femmes qui s'installent. Elles apportent un point de vue différent. Ce sont souvent des femmes qui ont du caractère, qui osent prendre des décisions et essayer de nouvelles choses. Et en général, ça fonctionne ! 
 
On voit encore des jeunes filles qui font comme ça parce qu'on a toujours fait comme ça, parce que leur père ou leur frère leur disent de faire comme ça. Des expériences que j'ai eues, quand une femme, dans son travail, à son poste, a la liberté de changer des choses, ça fonctionne, même dans des élevages à problèmes. 
 
Le milieu agricole demeure parfois encore sexiste : il faut savoir bien s’entourer. Quand je suis arrivée sur l’exploitation, j’ai fait un peu de ménage parmi les commerciaux qui venaient sur l’exploitation : certains ne voulaient pas travailler avec moi, et s’adressaient uniquement à mon mari ; d’autres n’ont pas accepté les nouvelles orientations que j’avais choisies. 
 
Un conseil à la Caroline de 15 ans ? Mon conseil à une jeune Caroline de 15 ans serait de toujours contrôler ses actions. Ne pas craindre les essais ou les changements, mais disposer d'outils pour évaluer leur efficacité. L'importance n'est pas de satisfaire les attentes d'autrui, mais de tester, évaluer et décider en conséquence. Par exemple, surveiller les GMQ pour évaluer l'efficacité du travail alimentaire sur les veaux, ou de synthétiser les données pour les performances des vaches en lait ou en viande, etc. Cela permet de prendre des décisions éclairées sans coûts excessifs. 
 
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Mélanie Leger, on peut être fières de ce qu'on fait

Quel est votre parcours ? Je suis fille d’agriculteur et depuis toute petite, j’ai toujours eu envie de m'installer. J'ai donc fait un BTS spécialisé en production animale puis ai directement été salariée sur l’exploitation familiale. Un an plus tard, je me suis installée avec mon père. Depuis 4 ans, je suis aussi formatrice sur la gamme de logiciels d'ISAGRI auprès d'agriculteurs de ma région quelques heures par mois en parallèle de l'exploitation.

Être une femme dans l’élevage ? Quand je me suis installée, j’avais 21 ans, les gens étaient habitués à travailler avec mon père. Le fait d’être une femme, et jeune, au départ ça a compliqué les choses : je n’étais pas prise au sérieux. Et physiquement, il y a des choses que je ne peux pas faire parce que je n’ai pas assez de force. Aujourd’hui, ça fait 10 ans que je suis installée : je suis pleinement intégrée dans l’exploitation. Le plus dur c’est de se faire sa place.

Qu’est-ce qui change ta façon de travailler au quotidien ? Mon objectif c’est que l’exploitation soit rentable et qu’on ait un certain confort de travail, moins de pénibilité. Mon logiciel de suivi d’élevage ovin m’aide beaucoup pour ça. En un clic, par exemple, je fais la liste de toutes mes brebis avec leur intervalles agnelage – agnelage. Je peux ainsi facilement vendre toutes celles qui n’ont pas eu d’agneau depuis un an. Je fais mes bilans et tout mon suivi d'élevage en trois clics : c’est un gros gain de temps.

Un conseil à la Mélanie de 15 ans ? Bien réfléchir à ton installation parce que ce n’est pas facile: on travaille tous les jours sans être certain d’en tirer un revenu : il faut vraiment être passionné. Mais je suis fière de ce que je fais aujourd’hui sur l’élevage.

 

France - Portraits deleveuses - TroupO PigUp - 0324 (6)

 

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