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Tarissement des vaches : 3 étapes pour réussir

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Delphine Huet
Ecrit par Delphine Huet
le 17 juin 2023
9 minutes de lecture
En élevage laitier, la période de tarissement des vaches a longtemps été sous-estimée, délaissée. Cette phase est cruciale : pour la santé de la vache et du veau autour du vêlage, et pour lancer la production laitière sur de bons rails. 
Le tarissement est une phase décisive pour produire plus de lait, maintenir une qualité leucocytaire et gagner en rentabilité.
 


Clef n°1 - Comprendre et gérer la santé de la mamelle

      Protéger et assainir

      Tarissement sélectif et progressif

      La durée

Clef n°2 - Assurer le bien-être de la vache

      Un lieu et des conditions adéquats

      Nutrition et ration

Clef n°3 - Préparation au vêlage et gestion post-tarissement

      Les étapes clés pour préparer efficacement le vêlage

      Impact du tarissement sur la santé du veau

      Les outils et traitements pour optimiser le tarissement et faciliter la transition post-tarissement

 

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Clef n°1 - Comprendre et gérer la santé de la mamelle

 

1. Protéger et assainir

La période de tarissement est nécessaire à l’assainissement de la mamelle. Même si aujourd’hui, les problèmes leucocytes et mammites sont bien maîtrisés dans la plupart des élevages, il n’en demeure pas moins que la période de tarissement doit permettre de guérir les quelques vaches infectées

 
Un obturateur de trayon, seul, peut être utilisé au tarissement sur des vaches saines pour éviter les nouvelles infections sur les vaches saines. Il faudra être très vigilant sur l’hygiène lors de l’acte de tarissement. Plus de la moitié des nouvelles infections, avant 100j. de lactation, sont liées au tarissement (Bradley et Green, 2001 Angleterre).

 

2. Tarissement sélectif et progressif

Tarissement sélectif : comment choisir de traiter ou non ?

C’est une question d’appréciation du risque. Un traitement antibiotique ou un obturateur coûte un peu moins de vingt euros par vache, les 2 cumulés autour de 35€/vache. Pour un troupeau de 100 vaches, le coût est de 3500€/an, soit l’équivalent d’une douzaine de mammites (ce qui est peu pour 100 vaches). Attention aux fausses économies.

Faut-il alors continuer à utiliser un antibiotique sur toutes les vaches ?

Non si les conditions d’hygiène et l’historique des résultats leucocytaires sont satisfaisants. C’est le cas pour la majorité des élevages. C’est aussi un moyen de réduire le recours aux traitements antibiotiques. Le bénéfice n’est possible qu’avec des troupeaux sains en cellules (Cameron et al 2014 Canada, Wittek et al 2018 Autriche)

Si toutefois la maîtrise des mammites est compliquée (environnement à risque), il vaut mieux maintenir le traitement sur toutes les vaches taries dans l’attente d’une amélioration des conditions de logement

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Tarir sur plusieurs jours : le tarissement progressif

Le tarissement progressif sur 3 à 5 jours affiche des résultats contradictoires. La production de lait baisse, mais avec un risque d’infection mammaire plus élevé (Wieland et al 2019, Allemagne). Dans le cas de vaches fortes productrices, mieux vaut commencer par baisser le concentré avant la date de tarissement prévue pour diminuer la production de lait et tarir à la date.

 

3. La durée

Le tarissement dure de 45 à 60 jours selon les élevages et les types d’animaux (primipares, vaches à fort niveau de production, à numération cellulaire élevée ou trop maigres). Pour les primipares : viser 60 jours, les multipares en état peuvent être taries sur 45 jours. Veiller à utiliser l’antibiotique adéquat concernant le délai d’attente.

 

Clef n°2 -  Assurer le bien-être de la vache

 

1. Un lieu et des conditions adéquates

En bâtiment, la surface par vache tarie est un point important, à la fois pour le couchage et pour l’accès à l’auge. Compter 10 m2 et 1 place à l’auge pour chaque vache. L’accès à l’eau est aussi un point essentiel.
 
Avec les niveaux de production actuelle, il n’est pas rare d’avoir des vaches à plus de 30L/j. Réduire la production avant le tarissement améliore le confort / bien-être des vaches taries : temps de couchage plus long, moins de couchés/relevés … (Fogsgaard et al 2012 Danemark). 
 
La solution la plus courante est de réduire fortement le concentré azoté, 15 jours avant à la date prévue (voire supprimer pour le concentré de production). En robot, il est aussi possible de réduire la fréquence de traite (entre 1,5 à 2 traites/j) ; action plus compliquée en salle de traite, le tri allonge forcément la traite. 
 
Aucun arrière-effet n’est observé sur la lactation suivante, en réduisant le concentré ou la fréquence traite (Tucker et al 2009, Etats-Unis). Cette chute de lait avant tarissement limite un peu le risque de nouvelles infections (Gott et al 2016, Etats-Unis).
 
En été, veillez aussi à la ventilation des locaux des vaches taries. Plusieurs études montrent une baisse de lait, très nette, en début de lactation, suite à un stress thermique durant le tarissement (Tao and Dahl, 2013 Australie). Elle s’accompagne de veaux plus légers à la naissance et de soucis sanitaires accentués entre 0 et 30 jours après vêlage.
 
Une litière propre pour les vaches fraîches taries est indispensable pour prévenir des nouvelles infections mammaires. En cours de lactation, attention aux périodes de surcharge du bâtiment. En pâture, lorsque la pousse de l’herbe s’amenuise et si les vaches restent dans des paddocks parking, veillez à éviter qu’elles ne se couchent dans les zones souillées, facteurs de risques de nouvelles infections mammaires.
 

2. Nutrition et ration

 
On distingue 2 phases dans le rationnement des vaches taries.
 
  • La première phase, tarissement - 5 semaines, nécessite peu d’apports énergétiques : pâturage derrière les laitières ou pas trop riche, foin grossier, paille, ensilage de maïs rationné ... Conserver les mêmes fourrages que les vaches laitières, le « fond de cuve » complété par une ration avec fibres pour maintenir l’élasticité de la panse. Cela évite les doubles transitions inutiles, maintient les papilles du rumen et la flore associée et permet au rumen de retrouver plus rapidement son volume optimal après vêlage 
Ration type (à ajuster à la valeur des fourrages et préciser en calculant votre ration, vous même ou avec votre technicien) : 15-18 kg d’ensilage de maïs + 1,5 kg de tourteau de colza + 5 kg de paille + minéral tarie (composition spécifique en minéraux, oligo-éléments et vitamines).
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Ration type pour une vache laitière pendant la phase de tarissement
 
 
  • La seconde phase est la préparation vêlage (3 semaines avant le vêlage). Elle doit être gérée très précisément, le plus simple étant de la conduire en bâtiment.
Ration type (à ajuster à la valeur des fourrages et préciser en calculant votre ration, vous même ou avec votre technicien) : 18-21 kg d’ensilage de maïs + 2,8 kg de colza + 3 kg de paille + minéral tarie + chlorure de magnésium pour la BACA (balance cations -anions).
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Ration type pour une vache laitière pendant la phase de préparation au vêlage
 
Il est possible de travailler en repartant des rations vaches laitières pour garder la même base (1 ration pour 2 à 3 vaches, complémentée ou non selon la ration de départ + minéral tarie).
 
La notion de BACA (Balance Alimentaire Cation Anion) est souvent utilisée. Elle mesure l’acidité ou l’alcalinité d’un aliment. Elle représente la différence entre cations et anions. Elle s’exprime en meq/ Kg de MS. Sur les 3 semaines précédant le vêlage, la valeur souhaitée est proche de 0 meq/kg de MS. En pratique, la ration est restreinte en sodium et potassium (sel, herbe pâturée ou récoltée riche, betteraves …), et enrichie en chlorures et sulfates. La vache va naturellement libérer le calcium osseux avant vêlage, réduisant le risque de fièvre de lait.
 

Clef n°3 - Préparation au vêlage et gestion post-tarissement

 

1. Les étapes clés pour préparer efficacement le vêlage

Le point essentiel reste la ration, spécifique préparation vêlage sur 3 semaines. 
Evaluer le risque parasitaire (paramphistomes, strongles, douves avec votre vétérinaire) pour un traitement éventuel.
 

2. Impact du tarissement sur la santé du veau

Avec une phase préparation vêlage (cela se dit ?) oui bien conduite, le colostrum est généralement de qualité (>22% Brix). Le jeune veau est alors mieux protégé des pathologies néonatales.
 

3. Les outils et traitements pour optimiser le tarissement et faciliter la transition post-tarissement

Lorsque les rations sont adaptées, les accidents métaboliques après vêlage sont rares - non-délivrance, fièvre de lait … Le suivi de la rumination est un bon indicateur. Il peut être assuré avec des outils connectés (collier ou boucle). 

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