Et si vous vous lanciez dans la modulation intra-parcellaire des apports d’engrais azotés ?
Alors que le prix de ces intrants s’est envolé ces derniers mois, viser une optimisation
des épandages, en fonction des besoins précis des cultures, semble être une stratégie opportune pour contrôler ses marges.
SOMMAIRE :
1- 2023, l'année de la modulation ?
2- La modulation intra-parcellaire de la fertilisation azotée, c'est quoi au juste ?
3- Comment créer une carte de modulation ?
4- Capteurs, GPS... de quoi ai-je besoin pour moduler ?
1- 2023, l'année de la modulation ?
Depuis 2021, le prix des engrais a été multiplié par deux, voire par trois. Une tonne d’ammonitrate 33,5 à 600, voire 700 € ? Du jamais vu. En cause, le prix du gaz qui entre dans la composition de l’ammoniac, et qui a, lui aussi, triplé. Réduire le poste de charges des engrais azotés s’avère donc incontournable pour la campagne à venir.
Si certains agriculteurs comptent, pour le printemps prochain, miser sur des cultures moins gourmandes en azote comme le tournesol, l’orge de printemps ou le soja, d’autres souhaitent investir dans la modulation intra-parcellaire. Une option pour n’apporter que les quantités dont la plante aura réellement besoin et donc, réduire la facture d’intrants azotés.
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2- La modulation intra-parcellaire de la fertilisation azotée, c'est quoi au juste ?
La modulation intra-parcellaire des intrants consiste à ajuster les apports en fonction des besoins précis des cultures. En effet, au sein d’une même parcelle, toutes les plantes n'ont pas les mêmes besoins. Ces derniers dépendent non seulement du type de sol, de sa structure, de la pente, des stress biotiques ou abiotiques subis à un endroit donné.
Tenir compte de cette hétérogénéité vise à apporter la bonne dose au bon endroit pour préserver le potentiel de rendement de la culture. Une stratégie pour contrôler ses marges bien évidemment, mais une action aussi pour diminuer les risques de lessivage en cas d’apports excédentaires et donc, réduire les émissions de gaz à effet de serre et au final, respecter au mieux l’environnement.
3- Comment créer une carte de modulation ?
La technologie progresse et avec elle, les outils mis à disposition des agriculteurs pour ajuster les apports.
En matière de modulation de la fertilisation azotée, tout commence par une connaissance fine de ses parcelles : type de sol, profondeur, taux de cailloux... Et de l’observation de l’état de la végétation à un instant t. La compilation de ces données permet de préciser l’hétérogénéité des sols et des cultures en place avec, à la clé, l’édition d’une carte, dite de modulation.
L’acquisition de ces données s’obtient soit par télédétection, soit via des capteurs embarqués sur des satellites. Plus récente, l’installation de capteurs embarqués sur drones permet également de réceptionner ces informations.
Certains outils d’aide à la décision fournissent, en plus du zonage, un conseil agronomique à la parcelle en tenant compte de la culture en place, du taux de couverture, du travail du sol, du précédent... On parle alors de cartes de préconisation.
4- Capteurs, GPS... de quoi ai-je besoin pour moduler ?
Pour moduler vos apports d’azote sur vos cultures, vous aurez besoin :
- D’une carte de modulation qui traduit l’état végétatif de votre couvert. Parmi les éléments recueillis, l’un des plus fréquents est le NDVI (Normalized Difference Vegetative Index), plus connu sous le nom d’indice de végétation. Des capteurs, embarqués sur les satellites, mesurent, à intervalles réguliers, la réflectance des couverts. Ces photographies mesurent ainsi le taux de couverture de la parcelle, la vigueur de la culture en place et surtout, identifient les zones présentant un retard végétatif.
- D’un épandeur équipé d’un GPS et d’outils, capables de réceptionner et d’interpréter les données compilées précédemment. Ces informations sont transmises au terminal de l’engin via une clé USB ou un service cloud. L’épandeur sera ainsi en mesure de faire varier les réglages en fonction de la position de l’outil dans la parcelle. Plus les tronçons repérés sont petits, plus la modulation sera précise et donc efficace. L’investissement est variable, de 10 000 à plus de 100 000 €, et dépend bien évidemment des équipements souhaités.
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Pas d'équipements spécifiques en main ?
Pas de panique, la modulation de l'engrais est accessible à tous. Il suffit simplement d'embarquer la carte de modulation dans le tracteur et de gérer le dosage de l'épandeur à la main.
5- Spotifarm, un outil à la pointe
Plusieurs prestataires proposent la réception des données récoltées par satellites. C'est le cas de Geofolia, logiciel de gestion parcellaire qui intègre une option modulation dans son interface grâce à la liaison Geofolia x Spotifarm. Chaque semaine, les utilisateurs reçoivent des photos de la biomasse de leurs parcelles (disponible pour toutes les cultures). Ces photos sont des images colorées pour repérer un éventuel manque à lever à un endroit donné, lié par exemple à la présence de ravageurs, de maladies, de carences, de stress...
Une fois réceptionnés, ces éléments sont traduits en cartes de modulation et transférées et embarquées sur l’épandeur d’engrais. Le calcul de la dose d’azote à apporter, pour chaque zone de la parcelle, est alors réalisé automatiquement. Une solution pour ajuster son itinéraire technique à l’état de la végétation, tronçon par tronçon.
Cette liaison permet de récupérer en automatique le parcellaire de Geofolia. Ainsi, les cartes de modulation Spotifarm sont directement enregistrés dans la section intra parcellaire du logiciel Geofolia. Les interventions réalisées dans les champs peuvent ensuite être enregistrées dans le logiciel : ce qui permet une saisie et une consultation de chaque intervention, facilement, depuis son smartphone.
6- La modulation, quels bénéfices pour mon exploitation?
La modulation permet des gains de 5 à 60 €/ha selon la culture et le type d’intrants modulés. Si toutes les interventions de l’itinéraire cultural sont pilotées et ajustées, cela peut même aller jusqu’à 100 €/ha. Augmentation des rendements, réduction des charges... le retour sur investissement peut être rapide. Bien entendu, cette rentabilité dépend de chaque exploitation : de l’hétérogénéité des parcelles, des pratiques déjà en place et des équipements à prévoir.
