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Comment Réussir la Récolte de vos Fourrages ?

Nadia STOOP
Ecrit par Nadia STOOP
le 3 mai 2024
12 minutes de lecture
Tous les élevages de ruminants sont différents, mais tous les éleveurs partagent le même souci : réussir leur récolte des fourrages. Pour nourrir et engraisser vos bêtes, ou pour en vendre, il est essentiel d'assurer sur cette étape cruciale du cycle de l'élevage. On ne vous apprend rien ?
 
 
Mais les années se suivent et ne se ressemblent pas. Entre le matériel, le timing, les surfaces et espèces à récolter, et les aléas climatiques, difficile de jouer sur tous les tableaux. C’est là qu’on intervient.
 
On vous aide à y voir plus clair et comprendre les mécanismes pour une bonne récolte de fourrages. On s’attardera essentiellement sur le foin et l’enrubanné, parmi les plus pratiqués et utilisés.
 
 
SOMMAIRE
 
 
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Préparation et planification de la récolte de fourrages

Sélection des espèces

Avant de penser à la qualité de la récolte, il faut préparer le terrain. Sans mauvais jeu de mots. Le choix des espèces à implanter pour produire vos fourrages doit d’abord se faire en tenant compte non pas de ce que fait votre voisin, mais selon vos besoins. Fourrage pour l’entretien ? L’engraissement ? Les espèces n’ont pas toutes la même valeur nutritive, les mêmes qualités.
Mais aussi, bien sûr, il faut s’assurer de leur adaptabilité aux conditions pédoclimatiques. Quels sont les types de sol de vos parcelles ? Il y a des disparités régionales, certes, mais aussi sur un même territoire de moins de 10 km². Les espèces choisies doivent s’y plaire pour donner le meilleur d’elles-mêmes. Les graminées et les légumineuses sont les deux grandes catégories de fourrages et sont souvent complémentaires.
 

Les graminées

Un point fort ? Ce sont les reines de la croissance rapide, et solides, avec ça. Elles acceptent une grande variété de conditions environnementales et climatiques. Elles sont souvent plus appétentes à un stade peu avancé d’épiaison. Parmi les plus connues : la fétuque, le ray-grass anglais ou italien (souvent semé en pur), le dactyle, ou la fléole, mais aussi la houlque laineuse. Vous les connaissez certainement en mélanges ? 
 Ray Glass (Anglais) (1) (3)
Source:https://www.eagff.ch/fr/connaitre-les-plantes-des-prairies/graminees/particularites-par-espece/apercu-des-especes

Les légumineuses (prairiales, ici)

Leur atout, c’est leur richesse en protéines. C’est évidemment un avantage pour le sol, qu’elles fertilisent naturellement. Mais elles sont également dotées d’une capacité d’autosuffisance en azote puisqu’elles captent celui de l’atmosphère.
 
Les légumineuses prairiales les plus utilisées sont la luzerne et le trèfle violet. L’institut Arvalis a montré qu’elles sont cependant plus sensibles que les graminées. Eh oui, tout ce qui est précieux se mérite ! Il faudra donc prendre soin de leurs feuilles pour en perdre le moins possible avec l’action mécanique du matériel au moment de la fauche.
 

Les mélanges de graminées et légumineuses.

En cas de mélange d'espèces, ce qui est souvent le cas finalement pour leur complémentarité agronomique, tenez compte de la proportion de chaque famille pour établir ensuite le plan de gestion de votre parcelle.
 
Mais c’est une solution intéressante pour prévenir les maladies. La diversité limite les pertes en cas de maladie spécifique à une espèce. Et pensez aux rotations sur les parcelles, d’une année à l’autre, pour des prairies en bonne santé qui se renouvellent.
 

Préparation du terrain

Avoir les meilleures conditions de récolte, c'est préparer votre terrain pour qu'il exprime tout son potentiel, tout en le préservant.
Labour, fertilisation azotée, systèmes de drainage… À chaque parcelle sa problématique, et c’est là que votre expérience d’éleveur entre en jeu. N’hésitez cependant pas à vous faire conseiller par un technicien spécialisé.
 

Quand planifier la récolte des fourrages ?

L’idéal ? La fameuse fenêtre de 4 jours de beau temps. Facile à dire ! Mais on sait tous que ce n’est pas si simple. Un conseil pour optimiser votre récolte de fourrages lorsque la météo daigne être avec vous : préférez organiser le chantier en enchaînant les parcelles en décalé. Un peu comme un chant en canon, pour les amateurs de vocalises.
 
Il semble que la récolte soit ainsi de meilleure qualité, avec une prise de risques moindre, comparé à un chantier où tout est coupé en même temps, puis tout fané, et ainsi de suite. 
 
La notion de somme de températures est également souvent utilisée : à partir du 1er février, prenez la moyenne des températures journalières. Visez à partir de 800 à 900°C pour faire un enrubanné, et 1000 à 1200°C pour un foin.

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Techniques de fauchage et de fanage

Récolter des fourrages destinés à faire du foin

Dans ce cas, on cherche à obtenir un fourrage à 80% de matière sèche, en procédant au fanage, pour éliminer un maximum d’eau de la plante. Le secret, c’est de veiller à ce que votre herbe soit exposée uniformément au vent comme au soleil, pour sécher de la meilleure façon.
 
Si vous vous y prenez bien, vous réduisez le risque de moisissures qui dégradent considérablement la qualité du fourrage. Sinon, vos bêtes seront les premières à les remarquer et à bouder le foin au moment du repas.
 
Retenez aussi que plus le foin sèche vite, plus il est préservé ! Cela stoppe le cycle de vie du végétal et limite la perte de sucres par la respiration. Mais il y aura aussi moins de dégradation enzymatique, et évidemment, moins d'exposition aux aléas.
 
Le top, c’est le séchage en grange, avec un séchage artificiel, mais diablement efficace. Si vous avez l'occasion de visiter une installation de ce type, ne vous en privez pas ! 
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 Source: https://www.boulaur.org/nws4-sechage-en-grange/

Enrubanner ses fourrages

Là, on vise plutôt les 56 à 60% de matière sèche. Ce sont les fameux “chamallows” des champs, souvent privilégiés pour les premières récoltes, ou pour sauver une fournée difficile à faner à cause d'une mauvaise météo.
 
Dans le premier cas, il se fait tôt dans la saison. Il y a moins d'épis, donc moins de fibres, et le fourrage est plus riche en protéines. Son intérêt dans la ration n’est alors pas le même, tenez-en compte. Aussi, on ne distribue pas la même quantité, puisqu’il contient plus d’eau que le foin. Les éléments nutritionnels y sont plus dilués, il faudra alors distribuer environ 1.5 fois plus d’enrubanné, comparé à du foin. 
 
On peut tout de même mentionner aussi l’ensilage comme méthode de récolte et conservation des fourrages. Avec encore moins de matière sèche, il est adapté en cas de fourrage très humide. Sa conservation est liée aux conditions anaérobies, soit l'absence d'oxygène. Mais cette solution présente moins de flexibilité pour le stockage par rapport aux balles d'enrubanné, puisqu’il vous faut un silo en dur. 
 

Quid du matériel et des conditions de fauchage ?

Certains équipements sont plus favorables aux graminées ou aux légumineuses. Les faucheuses classiques à plat préservent les deux types d’espèces en sectionnant la tige. C’est un bon compromis.
 
Si vous avez le choix, et que vous avez des légumineuses majoritaires voire pures, évitez tout de même les conditionneuses à doigts ou fléaux. Elles peuvent entraîner jusqu’à 10% de pertes mécaniques en cassant des feuilles qui restent au champ.
 
Et vous le savez certainement, mais préférez attaquer tôt dans la journée, c’est l’idéal pour profiter au maximum du soleil pour le séchage. Vous aurez peut-être la chance de faire une sieste pendant qu’il bosse, lui.
 
 

Facteurs influençant la qualité des fourrages

Qualité et stade de la récolte

La valeur nutritionnelle de la plante est concentrée dans les feuilles. Selon leur stade de croissance, il n’y a donc pas la même quantité de matière sèche et de nutriments. Il faut absolument les préserver, et en tenir compte lors du suivi du développement pour choisir le bon moment pour récolter.
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Mais parfois, vous avez beau identifier le stade idéal de récolte, quand Dame Nature s'en mêle, cela complique les choses.
 

Impact des conditions climatiques

Vous en avez tous fait l'expérience. Une année pluvieuse, vous avez du mal à trouver une "fenêtre de tir" pour aller faucher. Résultat, l'herbe pousse à toute vitesse, les prairies se densifient, les hangars vont être remplis… Mais souvent la quantité se fait au détriment de la qualité.
 
Bon, un foin très fibreux pourra toujours convenir à des animaux à l'entretien, mais beaucoup moins pour l'engraissement. Parfois même, vous choisissez d'enrubanner plutôt que faner, craignant de ne pas avoir un foin digne de ce nom. Sachez faire preuve d’adaptation pour anticiper ces aléas et ne pas être pris de cours. Mieux vaut avoir un plan B !
 

Influence des conditions pré et post fauche

Outre faire une croix sur la grasse matinée, vous devez veiller sur d’autres paramètres tout au long du chantier de fauche. On a parlé du séchage, et on reviendra sur la conservation de votre récolte. Mais pensez aussi au pressage. Plus vous limitez le temps de pression lors, plus vous préservez les feuilles car elles tourneront moins longtemps dans la chambre de pressage.
 
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Conservation et stockage des fourrages

Conserver du foin

Vous l’aurez compris, toutes les étapes de la récolte des fourrages ont une importance, et elles sont interdépendantes. Pour une bonne conservation, un foin doit être bien séché, c’est une condition sine qua non. C’est incontournable, tant pour préserver sa qualité que pour éviter que tout ne parte en fumée, à cause d’un échauffement. Oui, car ça arrive même aux meilleurs.
 
Ensuite seulement, vous pourrez penser à entreposer vos balles de foin sous un hangar de stockage qui les protégera des intempéries pour la saison à venir.
 

Conserver des enrubannés

Leur stockage est plus facile, puisque les balles sont enveloppées de plastique. Elles supportent donc mieux d’être entreposées en bord de champ, à défaut d’avoir de la place sous un bâtiment. Cela n’empêche qu’elles doivent aussi avoir été pressées correctement, pour limiter la présence d’air à l’intérieur du film plastique.
 

Conclusion

Choisir le stade de végétation, organiser son chantier et avoir un matériel adapté font partie des bases pour assurer une bonne récolte de vos fourrages et améliorer votre autonomie fourragère. En priorité, vous devez choisir le mode de récolte des fourrages en fonction de vos besoins en apports nutritifs. Mais tenez aussi compte de vos moyens. Alors, on fait quoi cette année ?
 
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