Dans un contexte économique déjà tendu, les viticulteurs font face à de nouvelles contraintes liées au climat. Cette année, des épisodes de pluies intenses ont favorisé l’apparition de mildiou dans les vignes, notamment celles travaillées sous label biologique. Quelles sont les solutions possibles ?
Cette année encore, la répétition des pluies dans un contexte de fortes chaleurs est un terrain propice aux maladies de la vigne et plus particulièrement à la contamination par le mildiou. Le parasite a déjà ravagé de nombreuses vignes partout en France. « Par endroit, les attaques sont pires qu’en 2018, année déjà tristement record en terme de développement du mildiou » déplore Nicolas Constant, ingénieur conseil viticole à Sudvinbio.
Sommaire :
Mettre en place des méthodes préventives pour lutter contre mildiou, blackrot, oïdium
Détecter et réagir rapidement pour protéger ses vignes
1- Utiliser des OAD (Outils d'Aide à la Décision) ou modèles maladies fongiques
Mettre en place des méthodes préventives pour lutter contre mildiou, blackrot, oïdium
Les moyens de lutte curative étant très réduits en viticulture biologique, le maintien de la vigne dans un bon état sanitaire n’est possible que par la mise en place de méthodes prophylactiques.
« Il s’agit de placer la vigne dans les meilleures dispositions possibles pour lui permettre de résister à l’ensemble des bio-agresseurs, mais aussi d’éviter les situations favorables au développement des parasites » explique Nicolas Constant, ingénieur conseil viticole à Sudvinbio.
1 - Aérer les vignes
Premier réflexe à avoir, selon le spécialiste : bien aérer les vignes. « Un manque d’aération favorise le développement de maladies et empêche le bon positionnement des produits de traitements au cœur de la souche ». L’aération des grappes et du feuillage peut être améliorée par le palissage, l’épamprage ou encore l’effeuillage. « Attention toutefois à limiter les blessures engendrées lors des opérations en vert comme le relevage ou l’effeuillage mécanique, en effectuant les réglages adéquats du matériel utilisé » souligne l’expert.
2 - Nettoyer les vignes
Selon lui, il est également conseillé de bien nettoyer ses vignes afin « d’éliminer le bois de taille, les pampres à la base des souches, sans oublier les feuilles infectées tombées au sol, qui favorisent l’installation des foyers primaires des maladies et participent au démarrage précoce de l’épidémie ». Il est par ailleurs nécessaire « d’éviter la stagnation d’eau sur les parcelles ou la formation de mouillères, en réalisant un drainage du sol ou en remodelant les allées ».
3 - Maîtriser l’enherbement
Autre méthode préventive qui a fait ses preuves, l’enherbement des parcelles. « Un enherbement permanent améliore et stabilise la structure du sol, stimule l’activité biologique de la vigne et permet d’éviter un excès de vigueur favorable au développement du botrytis, du mildiou, des acariens. Mais, bien que bénéfique, il doit être maîtrisé pour éviter d’atteindre la ligne de souche et ne pas maintenir un niveau d’humidité trop important. C’est pourquoi, en période de forte pression au mildiou, il est conseillé d’abaisser ou de détruire la végétation » souligne Nicolas Constant.
Détecter et réagir rapidement pour protéger ses vignes
1 - Utiliser des OAD (Outils d'Aide à la Décision) ou modèles maladies fongiques
En viticulture biologique les observations terrain régulières sont par ailleurs indispensables à la bonne gestion de la pression sanitaire des parcelles. Elles permettent de détecter au plus tôt la présence des bio-agresseurs, ce qui rendra par la suite leur gestion plus aisée. « Pour cela les vignerons disposent notamment d’outils d’agro-météorologie et de modélisation » remarque l’ingénieur conseil viticole à Sudvinbio. « Ceux-ci prennent en compte un certain nombre de données climatiques afin de permettre d’identifier et d’anticiper les périodes à risque. L’acquisition de ces données permet en outre de constituer une banque de données de référence sur le micro climat de vignoble. Aux fils des ans, cela leur permet de connaître le moment optimum pour intervenir ». L'acquisition de modèles maladies permet également de gagner des points CEPP.
Frédéric Belmas du Mas Alart à Saleilles (66) est vigneron en dernière année de conversion bio.
« Cette année, les attaques de mildiou sont très importantes du fait des conditions météorologiques particulièrement favorables.
Pour anticiper les pics de contamination et gagner en réactivité, j’ai investi dans la station météo Météus et son OAD maladie. Cet équipement me permet de suivre précisément les risques de propagation des maladies comme l’oïdium ou le mildiou sur mes parcelles de vigne, et cela en fonction de ma propre pluviométrie, hygrométrie, exposition au vent et humectation foliaire.
Je peux surveiller efficacement mes vignes et savoir quand intervenir grâce au planning de traitement que propose l’application Météus. J’ai donc gagné en réactivité mais surtout en sérénité ! ».
2 - Cibler les parcelles de vigne à risques
Pour agir de façon rapide et optimale, il est également fondamental de savoir cibler les parcelles à risques. « Si la parcelle a connu des attaques d'oïdium l'année précédente, la probabilité qu’elle subisse une nouvelle contamination sera plus forte compte tenu du stock d'inoculum », souligne Nicolas Constant. De la même manière, il faut rester vigilant si la parcelle est plantée avec des cépages sensibles à l’oïdium. « C’est le cas avec les cépages Carignan, Chardonnay, ou Roussanne » rappelle l’ingénieur.
3 - Adapter ses doses de cuivre
Enfin, pour chaque maladie, il est important, selon lui, de traiter de manière précise et adaptée pour éviter un excès de cuivre lors notamment de l'utilisation de sulfate de cuivre. Ce fongicide a l'inconvénient de s'accumuler dans les sols et d’entraîner au-delà d'un certain niveau, une toxicité pour les micro-organismes et la vigne elle-même. « Il doit, de fait, être utilisé avec précaution et seulement si nécessaire » souligne l’expert. Et de rajouter « L’IFV expérimente actuellement l’outil Optidose qui permet d’adapter les doses de cuivre selon les paramètres de la parcelle. Il est déjà validé en Aquitaine et encore à l’essai dans le Languedoc. Mais les premiers résultats sont encourageants » conclut l’expert.