Son succès fulgurant auprès des viticulteurs pourrait presque le faire oublier : la démarche HVE, ou Haute Valeur Environnementale, s’adresse à l’ensemble des agriculteurs. Pour un céréalier, il suffit parfois de peu pour accéder au label, atout supplémentaire pour valoriser sa production. Pourquoi franchir le pas ? Comment s’y prendre ? Retours d’expérience d’agriculteurs en conversion HVE.
SOMMAIRE :
- Raison n° 1 : Bénéficier d’une meilleure image auprès de son voisinage
- Raison n° 2 : Mieux valoriser sa production
- Raison n° 3 : Une conversion parfois très accessible
Raison n° 1 : Bénéficier d’une meilleure image auprès de son voisinage
Avec ses 48 hectares de blé et de maïs, Jérôme Vermersch (en photo à droite), exploitant du Nord en conversion HVE (Haute Valeur Environnementale), voit dans la certification « un intérêt par rapport à l’image de l’exploitation ».
« La certification HVE, c’est une vitrine des exploitations modernes, de leur respect de la biodiversité et de l’environnement ».
Jérôme Vermersch, exploitant céréalier dans le Nord
Même constat pour Julien Duyck, Exploitant à Wormhout (59), en conversion HVE : « Dans nos régions, où il y a beaucoup de maisons, on sent que la problématique des ZNT met en lumière nos traitements. Dès qu’on sort un pulvérisateur, on est un peu surveillés. Je pense que c’est plutôt bien qu’on nous voit sortir avec du matériel de désherbage mécanique. »
« J’y vois un impact positif sur mes relations de voisinage. »
Julien Duyck, exploitant céréalier dans le Nord
Raison n° 2 : Mieux valoriser sa production
La conversion HVE apporte un autre horizon motivant pour Julien Duyck : il écoule actuellement sa production de 80ha de blé auprès d’un négociant.
« J’envisage ma certification HVE comme l’opportunité de faire évoluer mes circuits de distribution, et récupérer une plus-value sur mes produits ».
Julien Duyck, exploitant céréalier dans le Nord
Son projet est double :
• D’une part, écouler la moitié de son blé pour son propre élevage porcin, afin de valoriser davantage ses jambons, vendus en grande distribution.
• De l’autre, « passer un contrat avec une meunerie pour valoriser directement mon blé HVE ».
Raison n° 3 : Une conversion parfois très accessible
En combien de temps accède-t-on au label HVE ?
Pour un céréalier motivé, les choses peuvent aller relativement vite. C’est le cas de Jérôme Vermersch : « J’avais déjà modifié beaucoup de mes pratiques pour répondre à des appels à projets régionaux ou européens. Cela m’avait permis de mettre aux normes mes aires de remplissage de pulvérisateurs, par exemple, ou bien d’installer des haies. Mes nouvelles pratiques aboutissent quasiment au respect des normes HVE. »
« Le pas à franchir pour être certifié HVE est plutôt facile pour mon exploitation. »
Jérôme Vermersch, exploitant céréalier dans le Nord
Le coup de pouce de l’informatique
La démarche HVE est grandement facilitée par l’utilisation d’outils informatiques adaptés.
« Les logiciels aident au respect de la conformité, avec les diagnostics de fertilisation, registres phytosanitaires et calcul des IFT. »
Jérôme Vermersch, exploitant céréalier dans le Nord
Jérôme Vermersch : « Les logiciels aident notamment au respect de la conformité, avec les diagnostics de fertilisation, les registres phyto, ou le calcul automatique des IFT. Au fur et à mesure de l’avancement de l’année, on a une veille sur nos pratiques. On a des feux verts ou orange qui clignotent, on peut ajuster le tir en cours d’année », observe Jérôme Vermersch, confiant.
« À partir du moment où j’ai fait évoluer mes pratiques, et que le tout est retranscrit dans mes logiciels ISAGRI, le plus gros est fait. »
Ghislain Leprince, consultant chez Agriconsultant, et spécialiste de l’accompagnement vers la HVE, voit dans les OAD (Outils d’Aide à la Décision) un facilitateur pour l’obtention du label HVE en céréales.
« Dans la HVE, on va gérer la notion de risque. Dois-je traiter ou non ? Faire un régulateur ? Un fongicide ? Quand on doit vite répondre à ces questions, les notions de sommes de température, d’hygrométrie et de pluviométrie sont très importantes. C’est ce conseil à la parcelle, fournit par l’OAD, qui va aider l’exploitant dans ses décisions. »
Plus on aura de modèles qui permettront de savoir ce qu’est un ravageur, et quand il sévit, plus on va aider un exploitant dans ses choix.
« Cette réflexion conduit à effectuer les bons investissements. Par exemple, les méthodes alternatives comme le binage, la houe rotative ou la herse étrille vont permettre de limiter le désherbage, et donc l’IFT. »
Ghislain Leprince
« La transition HVE passe d’abord par un diagnostic, qui aboutit à un plan d’actions, ajoute Ghislain Leprince. La formation passe par une parfaite connaissance de la grille de notation et des indicateurs, ce qui permet d’aller chercher les bonnes techniques. Est-ce que je travaille mon eau ? Est-ce que j’utilise des produits de biocontrôle ? Est-ce que cherche à baisser mon IFT ? ».
Toutes les informations indispensables à cette réflexion sont stockées dans les logiciels de traçabilité agricole, comme Geofolia. Cela facilite grandement l’accès et l’analyse des pratiques de l’exploitation, nécessaire à la fois à la préparation de l’audit HVE, et dans le suivi de ses performances en continu.